Copenhague (Tivolis Konsertsal) : 7 janvier 1968


Titres :

1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band
2. Fire
3. Hey Joe
4. Catfish Blues
5. The Wind Cries Mary
6. Purple Haze
7. Spanish Castle Magic
8. Wild Thing

Source : "Cat's Squirrel"

Qualité audio : c'est un enregistrement "Audience" de très bonne qualité au regard des critères de l'époque. La voix est parfois couverte par le volume sonore, mais la définition d'ensemble est bonne, et surtout la puissance de la guitare de Jimi est presque palpable.

Si la version de "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" n'ajoute pas grand chose, celle de "Fire" est assez réussie : il y a le feu lors des solos de notre homme.

Après une petite blague sur ses amplis, Jimi attaque "Hey Joe", dans une version tout à fait dispensable (les problèmes de justesse nuisent vraiment à la qualité musicale).

Mais il se reprend vite : la version de "Catfish Blues" est fantastique. Le solo central est relativement court, mais il est d'une intensité exceptionnelle.
Après un solo de batterie, Jimi nous livre un solo a capella ponctué par sa wah wah, avant de reprendre avec le reste du groupe en citant Cream... Grand moment.

Le groupe joue ensuite "The Wind Cries Mary"... mais Jimi s'interrompt avant même d'attaquer le second couplet : il est tellement désaccordé que c'est faire preuve de sagesse.

Il enchaîne pourtant directement sur "Purple Haze". Le son de la guitare est saisissant, mais les problèmes de justesse de Jimi l'obligent à se limiter au service minimum en rythmique.

Jimi évoque alors des problèmes d'amplis... mais ce sont ceux de justesse qui frappent lorsqu'il tente de se réaccorder !

Suit la première version Live de "Spanish Castle Magic" (encore relativement brève), dont les couplets sont plombés par les problèmes de justesse - sans être inaudibles. Le premier solo est l'occasion de développements qui ne manquent pas d'intérêt : on devine facilement les prolongements à venir dès à présent. Là encore, l'enregistrement a le mérite de bien transcrire la puissance incroyable du son de Jimi. Le second solo, bref, reprend la trame de celui de la version studio.

Pas grand chose de plus à dire sur "Wild Thing", sauf à préciser que le solo commence par la traditionnelle citation de Sinatra...

Au final ? Un concert inégal. "Fire", "Catfish Blues" & "Spanish Castle Magic" sont les titres qui sortent du lot.

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8 janvier 1968

Stockholm (Konserthuset) : 8 janvier 1968 [Premier concert]


Titres :

1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band
2. EXP
3. Up From The Skies
4. Spanish Castle Magic
5. Foxy Lady
6. Little Wing
7. Fire
8. Catfish Blues
9. The Wind Cries Mary
10. Purple Haze

Source : "Can't Believe Everything You See And Hear" (ATM 166)


C'est un enregistrement audience d'une qualité très inégale : satisfaisante sur l'ensemble du concert, elle est (très) mauvaise sur la partie allant de "Up From The Skies" à "Foxy Lady".
Trois titres ("Exp", "Up From The Skies" et "Little Wing") de ce concert ont fait l'objet d'une publication officielle confidentielle sur l'album Univibes "EXP Over Sweden", sorti en 1994.

Après le concert danois mitigé de la veille, le Jimi Hendrix Experience retourne en Suède pour donner deux concerts au Konserthuset de Stockholm, dernières prestations de sa courte tournée scandinave. Seul le premier de ces deux concerts est documenté.

Lorsque Jimi Hendrix entre en scène, les incidents intervenus quelques jours plus tôt semblent lointains (Jimi s'était fait arrêté après avoir saccagé sa chambre d'hôtel). Avant de débuter le concert, Jimi précise avec toute sa bonne humeur à l'audience qu'il jouera entre chaque morceau un "Tune Up Blues" - histoire de ne pas jouer trop faux, même si notre homme rencontrera quelques problèmes de justesse... comme d'habitude !

Le concert débute sans surprise par une version impeccable de "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band", maîtrisée de bout en bout.

La suite du concert est nettement plus étonnante : le groupe va interpréter les trois premiers titres de son nouvel album, "Axis: Bold As Love". C'est une première... qui restera sans suite, ce que l'on peut regretter dans la mesure où le résultat semble plutôt concluant. Sur "EXP", Mitch Mitchell nous montre ses talents d'acteur en interprétant son rôle de présentateur... même s'il semble avoir un trou en fin de texte. Jimi se fait ensuite plaisir en réunissant son amour de la science fiction et celui de la guitare...

... et reste dans une thématique proche avec "Up From The Skies", dont c'est aussi la seule et unique version documentée (le groupe aurait joué ce titre au Shrine Auditorium de Los Angeles, mais il n'existe pas d'enregistrement de ce concert du 10 février 1968). Malheureusement, la qualité audio se dégrade nettement, rendant l'écoute de cette rareté difficile (on rencontre des crissements réguliers très désagréables).

Le groupe continue avec "Spanish Castle Magic", dont c'est la deuxième version documentée. Jimi semble rencontrer quelques soucis matériels : on entend régulièrement un sifflement, sorte de feedback involontaire. Compte tenu de la qualité de la bande, on zappera facilement cette version, encore courte et proche de la version studio.

Après un début presque inaudible, la qualité de la bande se stabilise sur "Foxy Lady"... devenant même très correcte ! La version semble globalement solide, même si on note toujours quelques sifflements incontrôlés.

Jimi annonce ensuite "Little Wing", un titre de son "nouvel album". Des quatre titres repris de ce soir, "Little Wing" est le plus intéressant, ne serait-ce que pour des raisons techniques (la qualité audio est vraiment supérieure). Jimi est désaccordé mais se sert de son expérience de sideman pour faire en sorte que la plupart du temps, on ne s'en rende même pas compte. Il joue d'ailleurs de superbes traits en rythmique. Son chant est très appliqué, et touchant. L'aspect onirique de la composition est là.
Contrairement aux versions en concert les plus célèbres (les versions officielles du Winterland et du Royal Albert Hall), le solo dure plus des deux cycles de mesures habituels. Mais on ne retrouve ni la tension de celle du RAH (la plus belle), ni la retenue de celle du Winterland (magnifique aussi). On notera que lors des deux premiers cycles (qui restent d'un très bon niveau), Jimi se répète lors du passage qui s'ouvre avec le second La mineur de la grille, et que les problèmes de justesse plombent surtout le troisième et dernier cycle.
La fin en arabesque (où la grille d'accords est légèrement modifiée) n'est pas encore présente, ce qui fait dire à Jimi qu'il est dur de terminer le morceau sans le fade out de la version studio !

L'Experience revient à un répertoire plus habituel en jouant un "Fire" efficace, digne de la puissance de feu du groupe.

Suit "Catfish Blues", pour quelques semaines encore un titre phare du répertoire du groupe. C'est une version brillante, une fois de plus, construite comme les versions de 1967, avec un chant très réussi de Jimi, et un solo de guitare central très intense.

Le groupe joue alors "The Wind Cries Mary" - dont c'est l'une des plus belles interprétations. Si ce n'était un très léger flottement en fin de titre, la version serait parfaite, tant au niveau du chant que dans la subtilité des parties de guitare.

"Purple Haze" démarre sans surprise par une introduction bruitiste... mais le titre est malheureusement coupé avant le solo central : dommage, on partait sur de bonnes bases.

Au final ? Un enregistrement important du Jimi Hendrix Experience. C'est en effet le seul concert documenté du groupe où sont interprétés 4 titres de son second album. Il est surprenant de constater que Jimi ne le défendra pas sur scène lors de sa tournée américaine à venir. Peut-être est-ce lié au fait que, rapidement, il se soit montré très critique quant à ce disque - y compris en entretien ?
Au-delà de la rareté d'une partie du répertoire, il faut souligner la qualité de la performance - qui n'intéressera pas que les complétistes, loin s'en faut. On notera enfin qu'à l'écoute, la part du visuel dans ce concert semble pour le moins réduite. The times they are a-changin'...

8 janvier 1968 [Second concert]

Setlist inconnue

"Baby Grandmothers" et "Mecki Mark Men" (groupes suédois) en première partie.

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Paris (Olympia) : 29 janvier 1968 [Premier concert]

Eric Burdon & The Animals en première partie

Titres :

1. St Peppers Lonely Heart Club Band
2. Fire
3. The Wind Cries Mary
4. Spanish Castle Magic
5. Catfish Blues
6. Little Wing
7. Purple Haze

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Stages - Paris 68 (1991) [CD2] second concert

1. Killin' Floor
2. Catfish Blues
3. Foxy Lady
4. Red House
5. Drivin' South
6. The Wind Cries Mary
7. Fire
8. Little Wing
9. Purple Haze

Le deuxième volume de "Stages" propose l'intégralité du second concert donné le 29 janvier 1968 par le Jimi Hendrix Experience à l'Olympia.
Enregistré en mono à l'aide d'un matériel encore rudimentaire par Europe N°1, la qualité audio est nettement supérieure à celle de "Stockholm 67" en terme de dynamique. Mais sans être pour autant vraiment satisfaisante : les instruments ne sont pas toujours bien équilibrés, et la guitare de Jimi est parfois mixée trop en retrait.
Il y a aussi un certain nombre de temps morts (liés aux problèmes techniques) qui lestent inutilement une édition officielle.

On notera que la pochette de "Paris 68" provient d'une photo du précédent concert donné à l'Olympia, le 9 octobre 1967.
Voici une photo du concert :


La setlist présentée ce soir-là par l’Experience était assez originale, notamment en raison de sa tonalité blues : sur les cinq premiers titres, quatre sont des blues !

Après quelques traits de guitare legato joués a capella, Jimi lance sa fameuse introduction du "Killin' Floor" d'Howling Wolf, sur laquelle Mitch Mitchell semble avoir du mal à se placer : il s'y prend à plusieurs reprises avant de rejoindre Jimi.
C'est une version radicalement différente de celle du festival de Monterey : le tempo est plus lent, et la tonalité globale moins urgente. Moins sauvage donc, mais pas inintéressante : les couplets, bien chantés, sont réussis.
L'écoute du solo central n'est pas des plus facile : on distingue de nettes variations du niveau relatif des instruments, conséquence plus que probable des réglages en direct de l'ingénieur du son d'Europe N°1. Le solo de Jimi semble plutôt réussi, habilement servi par les variations de ses accompagnateurs.
Jimi nous livre un court solo final dans une veine similaire.

Suit une des dernières versions de "Catfish Blues" de l'Experience. Les couplets sont assez réussis, même si l'Experience jouait alors régulièrement des versions plus impressionnantes. Jimi n'est pas parfaitement accordé, mais ça reste supportable dans un contexte blues.
Il est intéressant de noter que lors de son premier solo, Jimi développe certains traits que l'on retrouvera ensuite sur "Voodoo Chile" (mais en moins puissants ici), véritable extension du "Catfish Blues" de Muddy Waters.
Après la reprise du chant, Mitch Mitchell se lance dans un solo de batterie plutôt nerveux, où il tire remarquablement son épingle du jeu.
Jimi enchaîne avec un solo à la wah wah, puis met véritablement le turbo en citant le "Cat's Squirrel" popularisé sur le premier album de Cream (le riff "Spoonful" est d'ailleurs effleuré en fin de morceau).

La bonne humeur de Jimi était manifeste ce soir-là : il s'amuse avec le public, y compris lorsqu'il se réaccorde, ce qu'il qualifie de "super titre" : le "Tune-up Time" !

Le groupe joue ensuite un "Foxy Lady" efficace, bien lourd. Lourdeur qui convient parfaitement à ce titre, sorte de proto-Heavy rock... Le chant de Jimi transpire de bonne humeur ! L'ingénieur du son devait apprécier Noel Redding : ses chœurs sont mixés très en avant.
Le solo central est calqué sur celui de la version studio.

Jimi annonce ensuite "Red House", dont c'est seulement la troisième version Live de l'Experience, avec "Noel Redding à la guitare" : c'est a priori la seule fois où l'Experience reprend la formule de la version studio, où Noel Redding jouait la rythmique sur une guitare, et non à la basse. Noel racontera par la suite qu'il utilise ici une Les Paul Gold Top appartenant à Keith Richards. Le résultat obtenu n'est pas forcément des plus satisfaisants : le son de la guitare rythmique jouée par Noel est assez confus.
"Red House" est jouée assez "lourd" là aussi, dans un esprit très proche de la version studio. Seul Mitch Mitchell s'en écarte lors du solo, en jouant plus éclaté. Le tempo, que Jimi ne cessera de ralentir dans les mois à venir est ici assez rapide. Ce n'est pas une mauvaise version : Hendrix est rarement à coté de la plaque sur "Red House". Mais il lui manque clairement le petit plus qui fait toute la différence.

Le titre suivant est très intéressant : c'est la seule version connue du "Drivin' South" (aka "Thaw Out") d'Albert Collins jouée en concert (les versions de la BBC constituent un cas à part : elles ont été enregistrées en studio).
Le mixage n'est pas terrible : la guitare de Jimi est trop en retrait. On profite certes du travail de Mitch Mitchell... mais sur ce genre de titre, la guitare DOIT être devant.
C'est regrettable : musicalement, il se passe vraiment quelque chose.
Vous noterez les similitudes entre le passage joué à partir de 2:20 par Jimi et la version studio de "Tax Free" qu'il enregistrera par la suite.
A 4:31, Noel Redding relance habilement la machine... Son jeu énergique se marie vraiment à merveille à celui de Mitch Mitchell. Et il a le son !
Quelques longueurs tout de même avant la reprise (7:34), même si le seul reproche qu'on puisse vraiment faire à cette prise est son mixage.

Hendrix déconne avec l'audience ensuite en annonçant une "Tune-up Song" suivie d'une courte parodie d'Elvis...

"The Wind Cries Mary" comporte du très bon (le chant de Jimi est superbe)... et du très mauvais : les problèmes de justesse plombent littéralement son accompagnement. Et son solo est complètement raté.

L'énergie de "Fire" est communicative : le mixage en retrait de la guitare passe mieux ici. C'est une solide version : le chant de Jimi est impeccable (et autrement plus agréable que celui de Noel, mixé très fort là encore).
Et Mitch est explosif… A un tel point que la peau de sa caisse claire rend l'âme, forçant le groupe à faire une pause, le temps d'en emprunter (puis régler) une autre.

L'introduction de "Little Wing" est pénible : Jimi est complètement désaccordé. Comme sur "The Wind Cries Mary", il réussit l'exploit de faire abstraction des problèmes de justesse (ce qui est pour le moins difficile !) et chante très bien.
Des trois versions soundboard connues, c'est la seule où Jimi étend son solo sur trois cycles. Malheureusement, ce dernier est loin d'être inoubliable : Jimi n'a pas encore trouvé l'équilibre entre tension et lyrisme. Des différentes versions officielles, c'est de loin la plus mauvaise.

Après une introduction bruitiste qui ne décolle pas, Jimi joue le thème de "Purple Haze" sur une Stratocaster totalement fausse. Aspect positif du mixage : les couplets de "Purple Haze" passent bien. Par contre, la sauce ne prend pas durant le solo. Le final bruitiste passe mieux...
La voix de Noel a rarement été mixée aussi fort qu'ici : on comprend pourquoi d'ailleurs.
Jimi termine le titre en gratifiant le public d'un final joué avec les dents : sur l'ensemble du concert, il semble pourtant avoir fait preuve de modération quant à son jeu de scène.


Au final ? Le second volume de "Stages" répond assez bien au projet original : c'est un concert honnête du Jimi Hendrix Experience, avec ses forces et ses faiblesses. Si les premiers titres du concert sont assez réjouissants, je suis plus réservé sur la fin, qui n'apporte rien à la légende du guitariste.
Malheureusement, le mixage du concert n'arrange rien : il est peu probable de voir un jour sortir officiellement "Jimi Plays l'Olympia". Et peu souhaitable.
On peut d'ailleurs s'interroger sur l'opportunité de publier un coffret 4 CD alors que les deux premiers volumes, les moins intéressants, tenaient sans problème sur un seul CD...